Une première rencontre avec la représentation de Veillée moderne au centre pénitentiaire d’Aiton, puis plusieurs ateliers et enfin une restitution d’un projet mené avec des détenus du Centre pénitentiaire d’Aiton et de la Maison d’arrêt de Chambéry.

Suivi d’un temps d’échange avec les acteurs de projets culturels au sein du système carcéral français mais aussi avec les spectateurs sensibles à la question.

 

Conception
Stéphane Buisson, Philippe Vuillermet, Marc Chalosse, Agathe Philippe

 

Co-production
Malraux scène nationale, LA BASE et le SPIP73.
Une soirée dans le cadre du dispositif Culture-Justice 2023

Il ne s’agit pas d’éviter ou de nier leur réalité (ils sont privés de liberté), mais tenter par une approche sensible et émotionnelle de redessiner un dedans/dehors.

Trouver une forme (un ciné-concert avec différentes présences à imaginer : musiciens, volontaires…) qui permettrait à la fois de rendre poreux une frontière imposée. 

Glisser entre le dedans et le dehors de façon à permettre aux spectateurs de découvrir leur univers, leurs désirs… Utiliser l’architecture (de la prison, de Malraux) comme un prétexte à discussions et à rencontres. Comment les murs déteignent les uns sur les autres, comment l’image filmée peut-elle dessiner d’autres horizons, d’autres possibles ? C’est vouloir reconquérir son propre espace, avec toutes les contraintes qu’une architecture quelle qu’elle soit nous impose; c’est aussi vouloir créer sa propre liberté réelle ou inventée.

Au final, produire une œuvre artistique dont la perception serait différente selon qu’on se trouve dedans ou dehors : un œuvre qui pourrait à la fois circuler dans des lieux privés de liberté, et inversement dans des lieux où s’exprime toutes les libertés. Aborder nos espaces de vies pour y vivre ou pour y survivre.

Concrètement, c’est utiliser une caméra pour constituer une banque d’images, de sons, de rythmes, de matière pour ensuite réaliser un montage qui donnera un film ou une installation avec une diffusion en présence du musicien, de volontaires…

« Ne croyez pas qu’il se dise innocent. Ne croyez pas qu’il se dise victime. Ne croyez pas qu’il s’absolve. Il est coupable, oui. 

Il est coupable d’avoir cédé, de ne pas s’être laissé écraser. Il est coupable de n’avoir pas été raisonnable, de ne pas être resté à sa place, celle qui lui a été échue. D’avoir dérangé l’ordre des choses. Il est coupable d’être tombé. Il est coupable d’avoir choisi la chute plutôt que la paralysie. Puisque tout est dessiné à l’avance. Il y a les vaincus et les vainqueurs et c’est jugé depuis longtemps.

C’est avant les actes que tout se joue, qu’est-ce qu’on peut faire contre ça, rien. 

Il se condamne d’avoir cru, un instant, qu’il pouvait s’échapper. Échapper à quelque chose. Il est coupable d’avoir cru alors que des gens comme lui ne doivent rien croire. Qu’il n’y a rien à croire. Il est coupable oui, mais il est coupable à notre place. Puisqu’il faut bien que quelqu’un porte la faute. Puisqu’il faut bien que quelqu’un porte la peine. »

Texte de Constance Debré
« Offenses » Edition Flammarion